Hwang So Ra • do or die ?

featuring jang hae byul.
crédit to cooky.

So Ra fait partie de ce genre de personne dont on est quasiment obligé de se rappeler du passage. Bien sûr, qui pourrait oublier une rencontre avec une gamine hyperactive qui est capable d'alimenter une conversation à elle toute seule sur le futur anarchique de ce monde. Et encore, s'il n'y avait que ça, il n'y aurait quasiment pas de problème. Seulement voilà, le mot le plus employé par des inconnus pour décrire la jeune fille c'est tout simplement original, ce qui est à la fois vrai et faux. Bien sûr, on ne peut pas prétendre qu'elle ne l'est pas, dans sa façon de s'habiller, de s'exprimer, de s'adresser au monde qui l'entoure. Mais ce mot est encore trop faible pour comprendre ce qu'elle est vraiment. Peut-être parce qu'elle fait exprès d'accentuer cette partie de sa personnalité, histoire de choquer les gens le plus possible, simplement parce qu'elle trouve marrant de les voir réagir dans ce genre de cas, de les voir contester ce qu'elle dit sans que ça ne change jamais ce qu'elle pense. Pour cela, So Ra se considère comme une vraie princesse, parce qu'elle princesse a toujours raison et elle aussi. C'est pour ça que quand elle ordonne quelque chose, ce quelque chose a intérêt à arriver dans la minute qui suit. Sinon, elle s'énerve, pique une crise et alors rien ne peut la calmer avant un petit bout de temps. Un peu comme une dictatrice qui n'a pas à l'être et qui ne supporte pas cette idée. Alors bien sûr, les gens se plaignent de ce côté trop autoritaire, mais là encore rien ne peut la changer pour la simple raison qu'elle vit dans un monde différent de ceux qui l'entourent. Totalement différent. Évidemment, on aurait tendance à croire que ça pourrait la calmer, ce qui est loin d'être le cas. Au contraire, elle ne supporte pas de savoir que ce monde n'est qu'une partie de ses envies, de son imagination. Elle aimerait que ce soit ça, le monde réel, ce qui a vraiment tendance à empirer n'importe quelle situation. Après, il ne faut pas croire qu'elle n'est jamais calme et posée. Ça lui arrive parfois, quand elle dort.

« Moi, si j'étais reine, je serais la meilleure reine du monde. » C'est ce qu'elle se plaît à répéter comme réponse à cette question, même quand on ne la lui pose pas. De toute façon, la réponse est logique. Elle est obligée de faire mieux que cette bande d'incapables qui règnent actuellement sur la Corée du Sud. Pourquoi ? Simplement parce qu'elle est faite pour ça. Diriger, être à la tête de tout, voilà ce qui aurait dû être sa destinée, et ce qui ne la sera pas. Alors si elle ne pouvait pas le faire, il n'y avait aucune raison qu'une personne beaucoup moins compétente puisse avoir ce rôle. C'est vrai, que faisait-il pour le mériter ? Rien. Alors qu'elle, si elle était reine, elle avait une multitude d'idées, de projets pour améliorer la vie de chacun. Comme par exemple, des jours fériés supplémentaires, moins de taxes sur le chocolat, et surtout, l'égalité pour tous. Sauf pour elle, bien sûr. Ils étaient tous égaux à lui obéir, c'était déjà ça. C'est pour ça qu'elle s'était mise à participer à ces manifestations, entourés d'autres personnes qui n'aimait pas la monarchie. Virer les roi et reine, même si c'est pour des motivations différentes, c'est toujours le but.
DOWN WITH ROYALTY ; opposants à la monarchie

Le dix mai mil-neuf-cent-quatre-vingt-seize aurait dû être un jour joyeux pour la famille Hwang. C'est ce jour-là qu'est née So Ra, leur premier et pour l'instant unique enfant tant attendu pendant les neuf mois de grossesse par ses parents. Et pourtant, ce fut totalement le contraire qui se produisit. Lorsqu'il sortit de l’hôpital, son bébé dans les bras, le père de famille se sentait plus malheureux que jamais. Il était seul maintenant. Avec un enfant, c'est sûr, mais seul. Il contempla sa fille. Il était trop tôt pour dire si elle ressemblerait à sa mère. Il se mit donc à pleurer silencieusement alors que l'enfant s'était endormie sur le chemin du retour, sans comprendre ce qui s'était passé, sans ressentir le moindre manque. D'un côté, ça serait sûrement moins dur pour elle, dans l'avenir. Sa mère était morte pendant l'accouchement, mais elle ne l'avait jamais connu. Sûrement aurait-elle un manque, dû à l'absence de repère féminin dans la maison, mais elle ne serait pas bouleversée émotionnellement, ce qui était déjà un bon début. Bien sûr, auprès de son père, elle passerait toujours comme un monstre sans cœur, mais ce n'était pas sa faute. Elle venait de perdre une simple inconnue.

Depuis le moment où remontent ses souvenirs, So Ra a toujours eu la même vie. Celle d'une enfant trop gâtée qui ne connaît pas la valeur de la vie et de tout ce qui l'entoure. Et pourtant, c'est plutôt l'éducation contraire qu'aurait dû lui donner son père, mais il avait peur. Il était persuadé qu'ayant perdu sa mère, elle était une enfant triste, qui risquait de tomber dans la dépression. Une enfant qu'il faut chouchouter le plus possible pour qu'elle aille bien. Et pour cela, il faut répondre au moindre de ses caprices le plus rapidement possible. Autant dire que c'est normal que sa fille soit devenue une vraie peste autoritaire qui lui fait vivre un calvaire à chaque fois qu'elle est de mauvaise humeur. Mais dans le fond, So Ra aimait son père sans chercher à comprendre quoi que ce soit. Enfin, ça c'était avant le fameux soir où tout ce que la jeune fille pensait s'effondra. Son père rentra tard chez eux, et empestait l'alcool. C'est d'ailleurs la seule fois qu'elle se rappelle l'avoir vue dans cet état et elle comprit rapidement pourquoi il évitait de boire. Ils finirent par vraiment se disputer, plus qu'ils ne l'avaient jamais fait. Elle comprit alors que son père n'avait jamais réellement oublié sa mère, cette femme qu'elle n'avait pas connue mais qu'il revoyait beaucoup trop en elle.

Puis son père s'est remariée. Est-ce que ça changeait réellement quelque chose pour So Ra ? Pas vraiment. Elle avait toujours été habituée à être fille unique, totalement gâtée par son père, et de ce côté-là, ça ne changeait pas énormément. Même l'arrivée d'une famille ne pouvait pas sortir la jeune fille du monde dans lequel elle était la plus forte, celle qui commande tout le monde. La seule chose qui arrivait encore à la faire réagir sur ce point-là, c'était l'existence de la famille royale, qui, elle, était réellement ce que So Ra s'imaginait être. Le pouvoir, le chef du monde, la dictature. Alors, elle s'était mise à participer à des manifestations contre la monarchie, à lutter de quelque manière que ce soit. Comment, elle ne le savait pas vraiment encore. Ce genre de chose ne s'improvise pas vraiment. Toute cette agitation, tous ces buts avaient en plus un énorme avantage. Ça lui permettait d'oublier son père, qui venait de perdre sa deuxième femme, et d'oublier qu'elle était pour beaucoup le simple reflet de quelqu'un d'autre. Oui, ça c'était sûrement ce qu'elle haïssait le plus. Encore plus que ne pas être reine.

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